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Inde : Le tigre renaît au parc de Ranthambore

Inde : Le tigre renaît au parc de Ranthambore

Symbole de majesté et de puissance, le tigre est l’un des prédateurs les plus emblématiques de notre planète. Bien que présent dans plusieurs pays d’Asie du Sud, tels que le Bangladesh, la Thaïlande ou le Népal, c’est en Inde que réside 70% des tigres à l’état sauvage. Dans cet article, voyons comment cet ancien roi des forêts a frôlé l’extinction au 20e siècle, avant de renaître de ses cendres grâce à d’importants programmes de conservation, notamment au parc national de Ranthambore, au Rajhastan.

Le tigre et son habitat

Félin emblématique, le tigre est l’un des plus gros prédateurs de la planète, rivalisant avec le lion pour le titre de « roi des animaux ». A la fois puissant et mystérieux, il est un symbole de royauté en Inde, représentant la richesse de la faune locale.
Bien que la réputation de « mangeur d’homme » lui ait été associée jusqu’au siècle dernier, le tigre ne chasse presque que des herbivores et joue un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes. Capable de chasser des proies de la taille d’un buffle, le félin régule les populations d’herbivores, prévenant le surpâturage et aidant à maintenir l’ordre naturel de son habitat varié, allant des forêts tropicales humides aux prairies, en passant par les forêts de mangroves et la haute altitude.

Danger d’extinction, population de tigres, menaces

Le tigre a pourtant bien failli disparaître de notre planète au cours du 20e siècle. En 1969, une prise de conscience internationale a été déclenchée par des scientifiques alertant sur les chiffres catastrophiques de leur population.
En effet, on comptait plus de 100 000 tigres en 1900. Malgré tous les efforts de conservation mis en place dans les années 1980, notamment avec la création de nombreux parcs nationaux en Inde, ces derniers ont continué de souffrir des activités humaines. Une chute historiquement basse de leur nombre a été enregistrée en 2010 : on ne comptait plus que 3200 tigres, soit une diminution de 97% de l’espèce.

Pour répondre à cette crise, la même année, 13 pays abritant des tigres ainsi que des institutions mondiales telles que le Smithsonian Institute, l’IFAW et le WWF, se sont réunis pour s’engager à doubler le nombre de tigres sauvages d’ici 2022. La journée internationale du tigre, qui a lieu tous les 29 juillet, a aussi été mise en place, dédiée à la sensibilisation à la conservation de l’espèce.

Depuis le Sommet du tigre de 2010, les efforts de conservation ont porté leurs fruits. Plusieurs études de cas montrent l’efficacité des programmes de rétablissement, avec une population mondiale de tigres estimée à un peu moins de 5 600 individus aujourd’hui, soit une augmentation de 74% depuis 2010. Toutefois, ces tigres ne vivent plus que dans environ 5% de leur aire de répartition historique.

Malgré ces progrès, le tigre reste en grand danger d’extinction et il n’est pas certain que l’espèce existe toujours dans 50 ans.
Cette menace est due à plusieurs facteurs, les deux plus grands étant la perte d’habitat liée à la croissance démographique et le braconnage. Le tigre est l’une des espèces les plus braconnées de la planète, sa peau est utilisée à des fins décoratives, et ses os ou dents dans la médecine traditionnelle chinoise. D’autres éléments, comme le conflit avec l’homme dû à la destruction de son habitat, pousse parfois le tigre à attaquer le bétail domestique, dont dépend la survie de nombreuses communautés. Les tigres sont alors tués ou capturés pour être envoyés dans des zoos pour éviter que cela ne se reproduise. Le changement climatique ajoute lui aussi une pression supplémentaire sur la survie de l’espèce.

Le rôle des parcs nationaux, engagés

Comme les populations locales et le gouvernement, les parcs nationaux ont joué un rôle très important dans le re-développement de l’espèce. Nombre d’entre eux abritent des tigres aujourd’hui, comme le parc national de Nagarahole, de Panna, ou de Kanha.
Cependant, c’est le parc national de Ranthambore qui est le parc emblématique de la conservation des tigres. Situé au coeur du Rajhatsan, Ranthambore fut autrefois le terrain de chasse des maharajas de Jaipur. En 1970, le gouvernement indien y interdit la chasse aux félins, et en 1980, il devient l’un des premiers parcs aménagés du « Project Tiger ».
Ses paysages uniques, faits de lacs, de falaises et de forêts, abritent également le fabuleux fort de Ranthambore (ancienne demeure des Maharajas), des temples hindous et jaïn, et des tombeaux. Verdoyant l’hiver et désertique l’été, Rathambore préserve une faune et une flore riches : en plus des tigres du Bengale, le parc est un sanctuaire pour 40 espèces de mammifères (léopards, ours, cerfs..), 35 espèces de reptiles (crocodiles, tortues, serpents..) et 320 espèces d’oiseaux.

Pour permettre aux tigres de s’épanouir et de se reproduire, Ranthambore a mis en place plusieurs initiatives clés. L’utilisation de techniques avancées de surveillance et de recherche (piégeage photographique, suivi par satellite et analyse génétique) permettant aux chercheurs d’étudier précisément la population des tigres tandis que des patrouilles anti-braconnage équipées de technologies modernes et composées de gardes hautement qualifiés, permettent de dissuader les activités de chasse illégales.
L’engagement des communautés locales à travers des programmes éducatifs et d’écotourisme sensibilisent à l’importance des tigres en encourageant des moyens de subsistance alternatifs.
La restauration des habitats, le reboisement et les projets de conservation de l’eau visant à minimiser les conflits entre l’homme et la faune offrent à leur tour un environnement plus sûr et plus riche pour les tigres.

Malgré le soutien d’organisations internationales et les efforts de conservation, des défis persistent : le braconnage n’a pas totalement disparu, et la fragmentation de l’habitat continue de menacer la connectivité entre les populations de tigres.
Mais la bonne nouvelle, c’est qu’en protégeant les tigres, les espèces qui partagent le même environnement sont également protégées. Le félin est donc ce qu’on appelle une « espèce parapluie ». De plus, les forêts protégées pour favoriser la survie du tigre emmagasinent plus de carbone que les autres types d’habitats, ce qui contribue à atténuer les dérèglements climatiques.

Le parc est devenu un modèle de succès en matière de conservation, non seulement pour l’Inde, mais pour le monde entier. Cependant, la lutte pour la survie des tigres est loin d’être terminée. Il est essentiel de continuer à soutenir ces initiatives, tant sur le plan local que global.

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