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A la rencontre des Masaï : entre traditions millénaires et défis contemporains

A la rencontre des Masaï : entre traditions millénaires et défis contemporains

Bienvenue dans le monde captivant des Masaïs, gardiens de traditions millénaires au cœur des vastes étendues de l’Afrique de l’Est. Entre les savanes infinies du Kenya et de la Tanzanie, cette tribu emblématique incarne une histoire riche façonnée par les échanges de traditions et de rituels transmis de génération en génération.


Dans cette exploration, nous ne pouvons ignorer les voisins culturels des Masaïs. Citons par exemple les Samburus, une tribu de pasteurs vivant de l’élevage du bétail, situés au Kenya et dont le nom signifie « papillon », en référence à leurs nombreuses parures colorées. Les Hadzabe, tribu nomade de chasseurs-cueilleurs vivant dans le centre-nord de la Tanzanie et dont la société égalitaire ne hiérarchise pas les individus. Et enfin, la tribu Datoga, fermiers et forgerons hors-pair.


Dans cet article, préparez-vous à un voyage captivant dans le monde des Masaïs. Plongez dans leur histoire, leurs traditions et leur capacité à s’adapter au fil du temps. Nous explorerons ainsi cette communauté unique, offrant un aperçu passionnant de la richesse culturelle du continent africain.

L’histoire des Masaï

L’histoire des Masaïs remonte à environ 3000 avant JC. Originaire de la vallée du Nil, centrée sur la région du Soudan actuel, cette tribu d’éleveurs et de guerriers semi-nomades d’Afrique de l’Est a entrepris une longue migration vers le Sud. A la recherche de meilleurs pâturages et de terres agricoles, ils cherchaient aussi à échapper aux ravages de leurs troupeaux par les mouches tsé-tsé.

Après avoir traversé les hauts plateaux du Kenya et le lac Turkana, les Masaïs s’installent sur leur territoire actuel, situé entre le Kenya et la Tanzanie, sur les hauts plateaux de la vallée du Rift. Dans ce nouvel environnement, la tribu a dû abandonner la culture de céréales en raison de l’irrégularité des précipitations, pour se consacrer uniquement à l’élevage.

Alors que l’Afrique de l’Est continuait à se peupler d’autres tribus aux 17e et 18e siècles, les Masaïs envoyaient les jeunes générations installer leur bétail sur des « terres vides ». Ceci explique l’expansion de leur territoire, aussi appelé « Masailand ».

Bien que leur population soit aujourd’hui estimée à plus d’un million d’individus, les Masaïs ont connu un déclin au 19e siècle. Chassés des prairies par l’expansion de l’agriculture, la colonisation européenne de leur terre par les Britanniques, les Allemands et les Italiens, ainsi que des épidémies de rougeole, de peste bovine et de sécheresse, les Masaïs ont été contraints de se battre pour leurs droits. Seuls 25 000 d’entre eux survivent en 1850.

Lorsque l’histoire d’une tribu est si ancienne, les légendes qui l’accompagnent le sont aussi, parfois tissées de poésie. Par exemple, selon les Masaïs, il y a une raison pour laquelle le soleil est si brillant : « Il y a longtemps, le Soleil a épousé la Lune, mais un jour, ils se sont battus et la lune a frappé le soleil sur la tête. Le Soleil a riposté et a endommagé la Lune. Quand ils eurent fini de se battre, le soleil eut tellement honte de son visage meurtri qu’il devint si éblouissant que les humains ne purent le regarder sans fermer à moitié les yeux. La lune, cependant, n’avait pas du tout honte et quiconque la regarde peut clairement voir que sa bouche est coupée et qu’il lui manque un œil ».

Traditions : artisanat, élevage et rites de passage à l’âge adulte

Les Masaïs sont une tribu riche en coutumes et traditions, profondément ancrées dans leur mode de vie pastoral et leur connexion étroite avec la nature. Au cœur de leur existence, le concept d’un Dieu unique, Engai, régit leur croyance. Afin d’assurer la prospérité de leur tribu, ils lui font des offrandes et des prières.

La polygamie est une pratique courante chez les Masaïs et les hommes ont souvent plusieurs épouses qui cohabitent dans le même village, mais dans des maisons différentes. Les femmes aussi ont le droit d’avoir plusieurs amants.
Leur société est patriarcale, voire gérontocratique : ce sont les « anciens » qui prennent les décisions. Les hommes sont organisés en classe d’âge et passent par différentes cérémonies pour évoluer. Les femmes jouent elles aussi un rôle essentiel dans le village, où elles s’occupent d’élever les enfants, de traire les vaches, de faire les provisions de bois et d’eau. Ce sont elles qui construisent les cases : quand un guerrier Masaï revient au village pour se marier, sa sœur lui construit une case et elle en construit une autre pour sa première femme. Cette première femme construira la case de la seconde femme… et ainsi de suite.

Les Masaïs accordent une très grande importance à l’artisanat, qui se manifeste notamment à travers la fabrication de bijoux en perles de verre colorées.
Ce sont les femmes qui sont en charge de la conception de ces accessoires, utilisant des techniques transmises de génération en génération.
Parés de grands colliers, de bracelets allant du poignet jusqu’à l’épaule, de bijoux de tête et de parures, les hommes et les femmes Masaïs sont renommés pour leur élégance.

Chaque perle utilisée possède une signification spécifique : les motifs et les couleurs des bijoux portés par un Masaï racontent une histoire, expriment des émotions, peuvent révéler son statut social, son âge et même son statut marital. Par exemple, l’association de perles noires et bleues symbolise la présence divine dans le ciel.

Constituant une opportunité économique grâce au commerce, ces bijoux et objets créés font perdurer leur héritage au-delà de leurs terres natales, se retrouvant dans nos intérieurs occidentaux, en tant que pièces de décoration.

Ce peuple pastoral élève principalement des vaches, mais aussi des chèvres, des moutons et de la volaille, et contrairement aux idées reçues, les Masaïs consomment rarement leur viande, qu’ils réservent aux grandes occasions et aux cérémonies.
Les animaux fournissent alors un éventail de ressources essentielles comme du lait, des matériaux pour la confection de vêtements et d’armes, ainsi que du fumier, utilisé comme combustible.
Au-delà de son rôle alimentaire, le cheptel sert de monnaie d’échange dans tous les aspects de la vie Masaï : mariages, enterrements, héritages, dons et cérémonies traditionnelles. Il devient un indicateur de statut social, la richesse d’un Masaï étant mesurée par le nombre de vaches qu’il possède.

Aujourd’hui, même si certains Masaïs vivent en ville, la majorité d’entre eux continuent à perpétuer cette tradition d’élevage dans leurs vastes étendues de terres.

Les cérémonies rituelles célèbrent les moments clés de la vie Masaï, elles sont donc au cœur de leur vie. Dès l’adolescence, les jeunes Masaïs sont initiés à des rituels marquant leur transition vers l’âge adulte. Ces usages incluent des danses, des chants et des épreuves physiques, visant à tester leur force, leur résilience et leur bravoure, tout en renforçant leurs liens communautaires.

L’Enkipaata, le premier pas vers l’âge adulte dont le but est de les préparer à devenir des guerriers (aussi appelés morans) à travers des mois d’apprentissage avec leurs ainés (aussi appelés morans).

L’Emuratare, le début du parcours de la vie de jeune guerrier :
Pendant 7 jours, les initiés doivent montrer leurs aptitudes d’homme adulte en portant des lances lourdes, en gardant un troupeau de bétail et en faisant des tests d’endurance. Le huitième jour, au petit matin, maquillés de blanc sur le visage et rasés au niveau de la tête, ils sont circoncis et ne doivent pas montrer de signes de douleur.
Une fois l’intervention terminée avec succès, tous se retrouvent et boivent un mélange d’alcool, de sang et de lait, au rythme de danses. Pour conclure ce rite, les nouveaux guerriers reçoivent du bétail en signe de réussite et de respect, devenant responsables de la sécurité de leur territoire.

L’Eunoto, devenir un guerrier mature :
C’est le passage de jeune guerrier à guerrier « senior ». L’Eunoto rend le guerrier éligible au mariage et le prépare à la paternité. Durant cinq jours, l’évènement est rythmé de chants traditionnels gutturaux, de danses et de divers rituels comme le sacrifice de vache dont ils boivent le sang. Tous arborent le rouge, couleur sacrée des Masaïs, et sont vêtus de « shuka », couverture traditionnelle qui leur sert de vêtement.
A la suite de cet évènement, les guerriers abandonnent leur épée pour le « fimbo », le bâton de marche des « aînés ».

L’Eokoto e-kule, la transformation en aîné
La cérémonie du lait, Eokoto e-kule, est un rituel sacré qui symbolise l’unité familiale et communautaire, célébrant le passage du guerrier à l’aîné, lui offrant de nouvelles responsabilités et marquant sa sagesse. L’Eokoto e-kule se concentre sur la dégustation de lait, boisson sacrée pour les Masaïs. Durant cette tradition, la mère prépare le lait sucré, caillé et bénit, pour l’offrir au guerrier vêtu de noir. Il doit refuser le breuvage jusqu’à ce que sa famille lui offre du bétail, symbolisant le soutien familial promis.

Lors de ces cérémonies, les Masai ont l’habitude de danser. Manifestation vivante du patrimoine artistique des Masaï, l’Adumu est une danse emblématique célébrée pour renforcer les liens sociaux au sein de la communauté. Aussi appelée « danse des sauts », l’Adumu implique que les guerriers sautent de manière synchronisée, positionnés en cercle et en s’accompagnant souvent de chants gutturaux. Evalués sur la hauteur de leurs sauts et la finesse de leurs gestes, les hommes démontrent ainsi leur agilité et leur vitalité, synonyme de force et de courage.

L’ambivalence de certaines traditions : excision et chasse au lion

Si certaines pratiques Masai peuvent susciter l’admiration, d’autres font l’objet de vives critiques.
Si nous venons d’évoquer la circoncision des jeunes garçons en tant que rite de passage à l’âge adulte, il est important de noter que cette pratique s’applique également aux jeunes filles. Considérée comme une forme de mutilation, l’excision est interdite en Tanzanie depuis 1998 et au Kenya depuis 2011, punie par la loi et passible d’une peine de prison. Peu à peu, les ainés Masaï enseignent à se débarrasser de ces traditions qui ne permettent en rien la survie de leur communauté, surtout si elles enfreignent la loi.

La chasse au lion fait également partie de ces pratiques. Il y’a quelques années, cet usage historique, nommée « Olamayio », représentait l’acte de bravoure ultime d’un chasseur.
La crinière du lion était ensuite portée sur la tête du chasseur lors de cérémonies spéciales, et elle permettait aux guerriers des autres région d’identifier le guerrier le plus coriace.
Aujourd’hui, le lion n’est plus chassé mais protégé par les Masaïs, conscients que leur nombre diminue. Les lions les aident en tuant d’autres prédateurs, comme les hyènes, qui s’attaquent à leur bétail. Ils font la fierté des Masaïs et représentent une partie importante de leur écosystème.

Les Masaï au 21ème siècle : leur rôle dans les conservancies

Traditionnellement nomades, déplaçant leur bétail au rythme des besoins de leurs troupeaux, les Masaïs doivent faire face à des défis majeurs pour maintenir leur mode de vie traditionnel. Aujourd’hui, la perte de pâturages au profit du développement agricole et des zones de conservation, l’essor de la population et la pression croissante sur les resources naturelles a limité leurs déplacements.

Le tourisme à lui aussi un impact significatif sur les communautés Masaï. Il peut entraîner la délocalisation de leurs terres ancestrales au profit du développement touristique. Cependant, l’essor du tourisme culturel se traduit par des retombées financières susceptibles d’améliorer leurs conditions de vie et de financer des projets communautaires.

De nombreuses communautés Masaï ont alors opté pour la création de conservancies locales gérées par les habitants eux-mêmes; différents des parcs Nationaux qui sont gérés par l’État. Ces conservancies visent à protéger la faune et la flore sauvage tout en permettant aux Masaïs de tirer des bénéfices économiques de la préservation de leur environnement. Les frais de droits d’entrée des conservancies et autres activités connexes sont directement reversés aux villages, réinvestis dans la communauté, finançant des projets éducatifs, de santé et d’infrastructures.

En adoptant une approche participative, les Masaïs préservent leur mode de vie unique tout en conciliant développement économique et conservation de l’environnement.

Seigneurs de la steppe, les Masaïs préservent leur identité culturelle en perpétuant vaillamment leurs coutumes et rituels, tout en sauvegardant les ressources naturelles.
Voyagez humblement dans leur univers de traditions séculaires, et offrez-vous une expérience d’une grande richesse, lors d’une rencontre empreinte de partage, d’authenticité, et d’émotion, vous laissant un souvenir impérissable.

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